Jean le crieur
On n’aime pas beaucoup les cris. Crier, c’est bon pour les hystériques, les profs débordés, les parents fatigués ou les petits chefs qui pètent les plombs. Les gens civilisés, raisonnables et équilibrés, ça ne crie pas. Aujourd'hui, on ne crie plus que sur les écrans et dans la mise en scène bien réglée des stades de foot.
Et pourtant, aujourd’hui, 10 jours avant Noël, le Baptiste nous dit qu’il est une voix qui crie.
Le murmure, le calme et la berceuse, ce sera pour la crèche à Bethléem.
Quand les envoyés du culte institué et les émissaires des grands prêtres somment le Baptiste de dire qui il est, Jean répond : Je suis celui qui crie !
Du cri primal qui libère les poumons du nouveau-né au dernier souffle, il y en a bien des cris qui rythment les moments intenses de toute la vie : cris de joie ou de triomphe, cris de douleur ou de plaisir. Cris des enfants qui jouent sans se soucier des censeurs. Je crie donc je suis.
Non, Jean Baptiste n’est pas que l’humble et discret poteau indicateur du vrai Messie. Jean Baptiste dans son désert fait plus de bruit que tous les cornes rituelles du Temple de Jérusalem et les foules le savent bien.
Jean Baptiste est un cri puissamment dérangeant. Le cri de sa naissance avait fait taire la malédiction de sa mère stérile. Et le nom du nouveau-né avait délié la langue de son père Zacharie. Sa tête tranchée sur le plateau de Salomé reste le cri très puissant contre toutes les injustices de tous les pouvoirs. Les cris de Jean témoignent de Jésus qui vient.
Puisque la mode se démode, oublions un peu les derniers cris du shopping. À Noël, n’étouffons pas les cris du cœur !
Père Frédéric Gatineau
Avent 2015